Une femme contact retrouvée après plus de 15 jours
Conakry (Guinée), 31 Juillet 2015 (OMS): « Fatou S. contact Ebola à haut risque perdue de vue depuis le 15 juillet a été retrouvée ce 30 juillet 2015 dans le village de Foula, Sous-préfecture d’Allassoyah dans la préfecture de Forécariah à la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone, située à 100 km de Conakry.
Elle est désormais avec son enfant au Centre de Traitement Ebola (CTE) de Nongo dans la banlieue de Conakry. Elle y a retrouvé une de ses filles testée positive le 26 juillet … » Cette information a circulé comme une trainée de poudre mettant ainsi fin au suspense qui a fortement perturbé les services de santé et l’administration autant que les autorités coutumières et religieuses du pays. Depuis le 15 juillet dernier, date de l’annonce officielle de sa disparition, les différents acteurs se sont donné la main pour retrouver ce contact à haut risque. C’est le résultat d’une course poursuite et de recherche active couronnée de succès, qui valorise les acteurs à tous les niveaux sur le terrain.
Voici l’histoire d’une femme qui aura mis en branle tout le système de lutte contre Ebola (les autorités sanitaires communales, épidémiologistes, anthropologues, mobilisateurs sociaux, communicateurs, chefs coutumiers et de familles, ...).
L’histoire de Fatou S. commence dès les premiers jours du mois de juillet avec le décès d’un membre de la famille le 06. A partir de cette date le suivi des sujets contacts a commencé, parmi lesquels, elle et ses enfants faisaient partie. Quelques jours plus tard, le 10 juillet, un de ses enfants devient suspect et l’équipe de surveillance fit la proposition d’un isolement et d’un test de confirmation. C’est là que commence la réticence de la dame Fatou S. Les autorités communales et nationales furent saisies du problème, mais 3 jours plus tard Fatou S. disparait avec son enfant malade. Le 15 Juillet l’équipe de surveillance fut informée d’un nouveau décès. Il s’agit cette fois de l’enfant suspect, l’un de ses deux jumeaux, âgé seulement de 04 mois. A partir de cette date, les acteurs de terrain ont intensifié les activités de sensibilisations et de recherche active. Selon les informations récoltées sur place l’enfant aurait été enterré sans concertation avec les acteurs de santé, donc un enterrement non sécurisé dans un lieu jusqu’à ce jour inconnu alors que la loi prise par l’autorité nationale depuis que le pays est touché par l’épidémie précise que tous les décès communautaires doivent être investigués pour être sécurisés. Dès lors, toutes les tentatives d’échanger avec la famille ont été vaines, malgré l’intervention des responsables coutumiers, religieux et les proches. C’est alors que les différentes équipes de terrain se concertent pour mettre en place un système et des stratégies afin de retrouver la fugitive reconnue comme personne contact à haut risque. Ce statut particulier a fait qu’il était nécessaire pour l’avenir de la lutte contre Ebola en Guinée que Fatou S. soit rapidement repérée et mise dans un espace pour la protéger et éviter le risque d’infection pour les autres. Toutes les informations ont été données à la famille et aux proches mais il était impossible à ce moment d’avoir des éléments sur son lieu de destination.
Dans un premier temps il a été question de Kindia et Forécariah. Les équipes de socio-anthropologues sous la direction du Pr Ibrahima Niang, ont entamé les recherches et essayé de faire des recoupements d’informations à partir de contacts pris dans ces deux villes. La Direction communale de la sante de Ratoma, l’OMS, bref tous les acteurs se sont donnés la main avec le même objectif qui était de retrouver Fatou S. Il est important de souligner que toutes ses tentatives étaient placées sous la supervision de la Directrice communale de la sante de Ratoma, du Coordonnateur de terrain des équipes OMS de Ratoma, le Dr. Mory Keita, qui partageaient les informations avec l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre Ebola en Guinée.
Le 30 juillet enfin, suite à des informations obtenues à partir d’une amie de la dame Fatou, une équipe composée par la Directrice communale de la sante de Ratoma, du point focal de l’Unicef et le Coordonnateur de terrain des équipes OMS de Ratoma, se rend sur le terrain pour s’assurer de la véracité des informations. Le secteur désigné se trouve dans le village de Foula, sous-préfecture d’Allassoyah. Dans l’esprit de l’équipe de coordination, la question dans les esprits est double : que faut-il faire si elle est déjà malade ? Quel dispositif mettre en place si elle ne l’est pas encore ? Apres toute réflexion, il a été décidé de faire partir une équipe à Forécariah, dans un véhicule banalisé. Cette équipe était composée de Mr. Tolno Faya, superviseur des agents de surveillance communautaire de l’OMS et deux accompagnantes, des amies de Fatou S. Parmi celles-ci, il faut citer Madeleine S. l’amie qui aura permis de retrouver la trace de Fatou S. ce jour 30 juillet 2015.
En même temps, l’équipe de riposte de Forécariah avait été alerté pour mettre à disposition une ambulance afin d’assurer le transfèrement au cas où Fatou S. serait suspecte. C’est à ce moment qu’une ambulance prend le chemin de cette zone assez reculée près d’une petite forêt.
Pour Dr. Mory Kéita, coordonnateur OMS de Ratoma la principale leçon à tirer est en réalité un appel lancé à l’endroit des autorités à tous les niveaux pour plus de collaboration, un appel à la proactivité pour une implication réelle et un engagement de tous. « Une petite plaie peut être facilement guérie quand elle est prise en charge rapidement. Quand on perd du temps dans la prise en charge on peut arriver à la gangrène et pire, à l’amputation.»
Au final, Fatou S. a été trouvée avec son enfant et le père de son enfant, qui avait été contacté auparavant par l’équipe des socio anthropologues de l’OMS. Elle a accepté d’être amenée au CTE pour des soins. Elle aura séjourné au total dans
03 familles connues à Forécariah et chez un guérisseur en Sierra Leone. Testée positive à son arrivée au CTE de NONGO, il faut penser à toutes ces familles où l’on comptera de nouvelles personnes contactes. Mais combien d’autres contacts perdus de vue ou inconnus circulent d’une préfecture à l’autre en Guinée avec le risque de faire éclore la maladie là où on ne l’attendait pas ? Dans ce contexte de lutte contre la Maladie à Virus Ebola (MVE) la clé du succès réside entre autres dans l’identification et le suivi rigoureux des contacts et plus d’engagement communautaire. Comme l’a si bien dit Dr. Mohammed Belhocine, Représentant de l’OMS, « Si l’épidémie rebondit c’est parce que des contacts nous ont échappé. Tout échec dans l’identification et le suivi des contacts constituent un risque de nouveau cas et donc de nouvelles chaînes de transmission.»
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Dr Mohammed BELHOCINE, Représentant de l’OMS en Guinée
Cel : (+ 224) 622 72 68 84 E-mail: belhocimo [at] who.int (belhocimo[at]who[dot]int)
Dr Mamoudou Harouna Djingarey, Représentant adjoint de l’OMS
Cel : (+ 224) 624 82 73 86; E-mail: djingareyh [at] who.int (djingareyh[at]who[dot]int)
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Bureau OMS Guinée, Tel : (+224) 62 59 70 42 ; E-mail: konatei [at] who.int (konatei[at]who[dot]int)
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Rodrigue Barry, Communication et Plaidoyer, Equipe Inter-pays Afrique de l’Ouest
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